La Roumanie orthodoxe
Seul pays latin de religion orthodoxe, la Roumanie est très marquée par la foi et la spiritualité.
L'Église exerce sur l'ensemble de la société une forte influence, que l'on constate dans la religiosité omniprésente et parfois très touchante du quotidien des villages. Mais les témoignages les plus extra­ordinaires de l'empreinte culturelle de l'Église demeurent les chefs­d'œuvre d'art religieux - églises et monastères - qui jalonnent le pays. Car l'histoire de la Roumanie, christianisée dès les premiers siècles de notre ère, est intimement liée à celle de la religion orthodoxe. Au cours des siècles et des dominations successives, l'Église s'est en effet affirmée comme le cœur de la résistance culturelle et de l'unité des Roumains.

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L'institution orthodoxe roumaine
Contrairement aux catholiques, les orthodoxes ne reconnaissent pas d'autorité centrale et ne comptent pas d'ordres monastiques. A côté des quatre grands patriarcats traditionnels de l'Église d'Orient sont apparues au cours de l'histoire des Églises autocéphales (possédant leur « propre tête») dont certaines sont dirigées par un patriarche (Russie, Serbie, Géorgie, Bulgarie et Roumanie), d'autres par un archevêque (Grèce, Chypre) ou un métropolite (Pologne).
En 1885, après l'indépendance de la Roumanie (1878) et l'instauration de la monarchie (1881), l'Église roumaine est devenue autocéphale et son indépendance a été renforcée par la création du patriarcat de Bucarest (1925). Le lien entre la nation et l'orthodoxie roumaine est tel que l'indépendance de l'Église est identifiée à celle de la nation. Ce patriarcat comprend aujourd'hui 7 métropoles (chefs-lieux des pro­vinces ecclésiastiques) et 28 diocèses. L'actuel patriarche est Sa Béatitude (titre réservé aux patriarches) Teoctist Arãpasu (né en 1915). La tradition du monachisme orthodoxe est également vivante dans les skites (ermitages) et les monastères répandus à travers le pays - on en dénombre plus de 300!


Des saints apôtres à la chute de Constantinople
D'après la tradition, les saints apôtres André et Philippe auraient évangélisé la Scythie - incluant l'actuelle Dobrodja -, où l'on a décou­vert de nombreuses inscriptions et une trentaine de sanctuaires datant du IVème au VIème s.
Placée dans l'orbite de Byzance (l'Empire romain d'Orient fondé en 330), l'ancienne Dacie romaine se christianise peu à peu et adopte, pour la liturgie, le slavon, la langue introduite au IXème s. par les voisins bulgares.
Au XIVème s., les premiers princes valaques et moldaves ont pour priorité l'émancipation de leur Église : ils renforcent leur autonomie et leur légitimité grâce à la fondation des métropoles de Curtea de Arges en Valachie (1359) et de Suceava en Moldavie (1401).
Du XIVème au début du XVIème s., les pays roumains combattent et retardent l'expansion musulmane, servant ainsi de bouclier à la Chrétienté européenne.
La prise de Constantinople par les Ottomans en 1453 entraîne la chute de l'Empire byzantin. Dès lors, une partie de l'Église et de la société de Constantinople est accueillie par les princes roumains, qui, les siècles suivants, vont soutenir financièrement les établissements du mont Athos et de Terre sainte.

 

Une culture orthodoxe originale
Après le traumatisme de la chute de Constantinople en 1453, le monde orthodoxe se replie dans le silence... excepté en pays roumain où, du xvème au XVIIème s., la tradition byzantine est revivifiée dans un esprit de fusion avec les courants de la région. Ainsi, outre l'héritage essentiel de Byzance, l'art religieux s'enrichit d'apports serbes ou orientaux (arméniens, par exemple) et rencontre les influences du catholicisme occidental, puis de la Réforme via la Pologne et la Transylvanie.
Dans la Moldavie du XV ème s. surgit une vague de création originale qui, en un peu plus d'un demi-siècle, couvre les églises de fresques extérieures. À la même époque, des él­ments d'inspiration orientale et serbe sont incorporés dans l'architecture religieuse de Valachie, comme en témoigne la cathédrale de Curtea de Arges, sans doute le plus bel exemple du genre.
À la fin du XYIIème s., les courants baroques venus d'Italie s'infiltrent aussi en Valachie et contribuent à la naissance d’une synthèse étonnante, le style de l’époque du prince Constantin Brâncoveanu, dont l’archétype est le monastère de Horezu.
L’Eglise, pivot de l'affirmation culturelle des principautés, permet l’apparition au XVIIème s. d'une littérature en langue roumaine, comme à Iasi, où la métropolite Dosoftei fait fonc­tionner une imprimerie qui édite quelques-uns des premiers textes en langue vernaculaire.


La dissidence des uniates en Transylvanie
Après l'échec du siège de Vienne par les Ottomans (1683), les Habsbourg imposent leur protection à la Transylvanie en 1691 tout en préservant le statut privilégié des « trois nations» - Magyars, Szeklers et Saxons - qui ignore les droits des Roumains, population majoritaire, de la région. L’empereur promet aux orthodoxes qui s'unissent à Rome les mêmes droits qu'aux catholiques et le maintien des rites orientaux. En 1697, le synode d'Alba Iulia  accepte l'offre. En 1701, l'ex-métropolite Atanasie devient le premier évêque de l'Église «uniate» de Transylvanie. Cette mesure marque la promotion sociale d'une élite roumaine lassée de se morfondre dans la marginalité. Mais cette « trahison» provoque une forte réaction des orthodoxes roumains, matée par l'armée autrichienne du général Bukow en 1761 : outre de nombreux morts parmi le clergé, plus de 150 ermitages et monastères sont détruits.
Malgré tout, à l'image de l'évêque Inocentiu Micu Klein et de la plupart des auteurs du Supplex Libellus Valachorum - pétition adressée en 1791 à l'empereur pour défendre les droits des Roumains -, cette élite gréco catholique est devenue le porte-parole de la revendication roumaine. Elle accompagnera l'émanci­pation jusqu'à l'union de la Transylvanie aux autres territoires roumains en 1918.


L'Église, entre le communisme à la démocratie
En 1948, le pouvoir communiste supprime l'Église uniate et extermine sa hiérarchie; églises et fidèles reviennent à l'Église orthodoxe, dont l'État cherche dans un premier temps à réduire le poids à travers des mesures comme la nationalisation des biens des monastères et autres brimades.
Plus tard, Ceaucescu redonne de l'importance à l'Église orthodoxe en s'appuyant parfois sur elle pour développer une politique nationaliste.
Après le rétablissement de la liberté de culte en 1990, l'Église uniate sort de la clandestinité mais a bien du mal il récupérer ses biens. Il s'ensuit un lourd contentieux qui s'atténuera quelque peu après la visite du pape Jean-Paul II, chaleureusement reçu le 9 mai 1999 par Bucarest et le patriarche Teoctist. L'attitude du clergé orthodoxe sous le communisme a fait couler beaucoup d'encre: d'après la presse roumaine, l'Église ne serait guère pressée de voir s'ouvrir les dossiers de la police politique, la Securitate, avec laquelle ont collaboré certains de ses membres, tout comme certains représentants des autres communautés religieuses. Ces soupçons sont loin d'avoir entamé la ferveur religieuse apparue après la chute de la dictature.
Devant l'afflux de vocations dans les années 1990, les monastères recrutent de nouveaux candidats et de nouvelles fondations surgissent un peu partout.

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LES MINORITES EN ROUMANIE


Les Hongrois ou Magyars
Les Hongrois représentent la minorité la plus importante de la Roumanie : 1 625 000 (7,1 % de la population totale). Ils sont concentrés, pour des raisons historiques en Transylvanie où ils se sont installés à la fin du XIe siècle.
Les Roms
La Roumanie est le pays européen qui compte le plus grand nombre de Roms ou Tziganes : 400 000 (1,7 % de l'ensemble de la population). Ils ont été amenés au XIVe S. dans les principautés roumaines par les Tatars. Les statistiques ont cependant toujours été imprécises du fait du mode de vie no­made des Roms et aussi du choix de certains d'entre eux de se déclarer comme Roumains.
Les Allemands
Au nombre de 120 000 soit 0,5% de la population totale, ils sont présents dans le sud de la Transylvanie, dans les villes (Sibiu, Sighisoara, Brasov) fondées par leurs ascendants, colons saxons appelés par les Hongrois au milieu du XIIIème s. pour cultiver les terres et défendre les frontières sud-est de leur royaume. Ils parlent un dialecte assez éloigné de la langue allemande. De très nombreux Allemands ont pu légalement émigrer en Allemagne pendant les années du communisme.
Les Ukrainiens
Les Ukrainiens, au nombre de 65 000 (0,3 % de la population totale) sont présents surtout au nord du pays, le long de la frontière commune entre la Roumanie et l'Ukraine. Ils ont gardé leurs traditions, notamment la décoration des œufs de Pâques.
Les Juifs
La plupart des juifs ayant pu émigrer de Roumanie pendant l'époque communiste vers Israël, ils ne sont actuellement plus que 9 000 (0,04 % du total de la population). Bon nombre d'entre eux originaires de Pologne se sont réfugiés en Roumanie pendant la seconde guerre mondiale.
Les Russes
Appelés « Iipoveni », ils se considèrent eux-mêmes comme différents des Russes de Russie: ils se sont enfuis de Russie à l'époque de Catherine II pour se réfugier dans le Delta du Danube (village de Jurilovca notamment) où ils ont maintenu leurs traditions de pêcheurs. Cette coutume ancestrale leur a permis de fournir d'excellents champions olympiques internationaux en canoë (par exemple, Ivan Patzaikin).
Les Serbes
Ils sont peu nombreux et vivent aux abords de la frontière commune entre la Roumanie et la Serbie. Ils ont su préserver leurs costumes de couleurs vives et leurs chants traditionnels.
Les Turcs
Peu nombreux, ils sont surtout concentrés sur le littoral de la mer Noire. Leurs ancêtres se sont établis sur ces terres à l'époque de la suprématie de l'Empire ottoman dans les Balkans. Pour preuve, les mosquées de Constanta et de Mangalia qui constituent aujourd'hui une des principales attractions touristiques de ces villes.

 

 


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Mercredi 06 Novembre 2024

 

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