La peinture

De la préhistoire à la Dacie romaine

L'art de la peinture s'est manifestĂ© sur le territoire de la Roumanie actuelle depuis le nĂ©olithique. La dĂ©coration Ă  spirales (peinte en couleurs chaudes) des vases de cĂ©ramique de la culture Cucuteni (Moldavie), rĂ©pandue Ă©galement en Transylvanie et en Valachie, est l'une des plus belles expressions europĂ©ennes de l'Ă©poque. Plus tard, des Ă©difices daco-romains tels que ceux dĂ©couverts Ă  Sarmizegetusa (Ier – IIIème s. ap. J.-C.), Ă©taient dĂ©corĂ©s de peintures murales.



L’art religieux au Moyen Age

Du Xe siècle, il subsiste la dĂ©coration pleine de vivacitĂ© fruste des petites Ă©glises creusĂ©es dans les collines de craies de Basarabi-Murfatlar (Dobroudja). La peinture des monastères roumains du Banat et de Transylvanie, des XIIème et XIIIème siècles, rĂ©vèle de nombreux emprunts faits Ă  l'art byzantin aussi Ă  la tradition populaire (Densus, Gurasada, Sânta Marie Orlea, etc.). En Transylvanie, plusieurs Ă©glises catholiques de style gothique (Strei) sont peintes par des artistes influencĂ©s par les styles byzantin et italien. Le dĂ©veloppement d'une vĂ©ritable Ă©cole de peinture locale en Transylvanie se dessine de plus en plus nettement au cours des premières dĂ©cennies du XVème siècle, processus qui est en liaison directe avec le rĂ´le politique et militaire des voÄŹvodats roumains. Les fresques conservĂ©es par les Ă©glises Remetea, Ribita, Pesteaua (dĂ©partements de Bihor et de Hunedoara) tĂ©moignent de l’influence byzantine grandissante.

Le peintre Stefan réalise en 1443, le décor mural de l'église de Densus (département de Hunedoara) rappelant le style des peintures rencontrées dans les deux autres pays roumains.

L’influence byzantine

En Valachie, au XIVème siècle, les fresques intĂ©rieures de l'Eglise princière Saint Nicolas de Curtea de Arges, Ă©galement d'influence byzantine, Ă©tonnent par la variĂ©tĂ© des sujets traitĂ©s et par la gamme très riche de couleurs utilisĂ©es. Leur valeur a Ă©tĂ© reconnue par de nombreux savants de rĂ©putation mondiale. Elles feront Ă©cole jusque vers la fin du XVIIIème siècle. Bel exemple de l'art pictural de cette pĂ©riode, le portique de l'Ă©glise du monastère de Cozia, qui fut Ă©rigĂ©e sur la rive de l'Olt, par le voÄŹvode Mircea le Vieux. ExĂ©cutĂ©es Ă  la fin du XIVème siècle, les peintures, dont le thème central l'Hymne Ă  la Vierge, ont un dessin vigoureux, exĂ©cutĂ© dans une palette en couleurs très variĂ©e. Très peu de tĂ©moignages artistiques du XVème siècle ont pu Ä™tre prĂ©servĂ©s contre les destructions provoquĂ©es par les attaques ottomanes en Valachie.

Les enluminures et les tapisseries

En Moldavie, les églises ont gardé de nombreuses fresques et des objets religieux (épitaphes, enluminures, icônes, etc.) qui témoignent du développement artistique au XVe siècle, notamment pendant le règne paisible d'Alexandru le Bon (1401-1432) et l'époque de gloire militaire d'Etienne le Grand. Les enluminures de l'Evangéliaire de la princesse Marina (1429), śuvre de Gavril Urie, moine au monastère de Neamt et premier peintre connu, sont de véritables chefs-d'śuvre.

Le monastère Putna, pour lequel Etienne le Grand avait une préférence particulière, garde plusieurs trésors dans son musée : l'Evangéliaire du monastère Humor (exécuté par le moine Nicodim) et le magnifique revętement brodé en 1477 pour la tombe de la princesse Maria de Mangop. Les icônes

Les icĂ´nes de l'Ă©glise Ă©piscopale de Curtea de Arges et de la chapelle de l'hospice de Bistrita frappent par l'inspiration profondĂ©ment humaine de l'art pictural valaque au XVIème siècle. L'Ă©glise Ă©piscopale de Curtea de Arges possède la plus ancienne icĂ´ne roumaine datĂ©e (1517) reprĂ©sentant St Nicolas. La peinture sur bois est merveilleusement reprĂ©sentĂ©e par les icĂ´nes de l'Ă©glise Arnota et l'iconostase du monastère Crasna. L'artiste le plus connu l' est Pârvu Mutu (1657-1735), dont l'Ĺ›uvre comprend les peintures murales de plusieurs monastères (Negru Voda de Câmpulung, Sinaia, St Georges le Nouveau de Bucarest, Filipestii de Padure près de Bucarest, etc.) et un très grand nombre d'icĂ´nes.

Les célèbres fresques de Moldavie et Bucovine

Les fresques qui font Ă  cette Ă©poque leur apparition dans les Ă©glises moldaves reprĂ©sentent le patrimoine artistique le plus prĂ©cieux de la Roumanie. Le monastère Voronet occupe une place de choix: des scènes telles que, « Le Lavement des Pieds », « La Communion des ApĂ´tres » , « La Transfiguration », « Le Jugement Dernier », « La DĂ©rision de JĂ©sus », etc, prennent modèle sur la peinture byzantine et dĂ©montrent une grande maĂ®trise artistique dans le respect de la tradition autochtone. Au XVIème siècle, les fresques connaissent un grand essor en Moldavie oĹŻ elles recouvrent les façades d'Ă©glises selon un ordre prĂ©cis des scènes Ă  caractère religieux (Ă©glises de Probota, St Georges de Suceava, Humor et Moldovita). On peut admirer les plus belles peintures moldaves du XVIIe siècle dans les Ă©glises Dragomirna et Galia. L'influence laÄŹque dans l'art religieux

En Valachie, sous les règnes Ă©clairĂ©s de Matei Basarab (1632-1654), Serban Cantacuzino (1678-1688) et Constantin Brâncoveanu (1688-1714), la peinture religieuse est fortement influencĂ©e par l'art populaire. Les principales Ĺ›uvres murales de cette Ă©poque se trouvent dans les Ă©glises Secuieni (dĂ©partement de Dâmbovita), Rebegesti (dĂ©partement de Ilfov), Bajesti (dĂ©partement de Arges). Au XVIIIème s., les scènes Ă  caractère religieux comportent de plus en plus souvent des Ă©lĂ©ments de la vie quotidienne et de critique sociale (Ă©glise de Fofeldea, dĂ©partement de Sibiu, Ă©glise Tismana en OltĂ©nie, Ă©glise St Nicolas de Schei-Brasov).

Le style Brâncoveanu

Partant de la Valachie, ce style fut diffusé dans les trois pays roumains. Les peintres de l'époque étaient formés surtout dans le complexe monastique de Hurez (Valachie), dont la grande église a gardé de magnifiques fresques. Ces dernières sont considérées par le byzantinologue Charles Diehl, comme "les plus remarquables produites par l'art roumain".

L'influence occidentale

Au XVIIIème s., sous l'influence de l'art occidental, la peinture religieuse qui connaĂ®t une vĂ©ritable explosion, devient unitaire dans les rĂ©gions historiques roumaines. L'art du portrait, dĂ©veloppĂ© par les peintres d'Ă©glise, annonce la peinture moderne du XIXème siècle (l'Ă©glise de Cazanesti et de Pojogi, departement de Gorj). Au seuil du XIXème siècle, on voit pĂ©nĂ©trer dans les pays roumains, la peinture de chevalet d'inspiration occidentale. Le peintre n'est plus un homme d'Eglise, mÄ™me s'il a Ă©tĂ© formĂ© auprès d'une Ă©cole monacale de peinture, mais une personne exerçant une activitĂ© lucrative. Certains peintres Ă©tudient Ă  l'Ă©tranger, d'autres viennent de l'Ă©tranger, chacun apportant son propre style. Plusieurs peintres se distinguent dans l'art du portrait : C.D. Rosenthal (1820-1851), Ion Negulici (18121851), Barbu Iscovescu, Gh. Tattarascu, etc.

Vers la fin du XIXème siècle, plusieurs peintres roumains vont Ă©tudier en France, Ă  l'Ă©cole de Barbizon. Tout d'abord, Nicolae Grigorescu (18381907), l'un des plus grands peintres classiques roumains, qui excelle dans les paysages champÄ™tres. D'autres le suivront, notamment Ion Andreescu (1850-1882), Stefan Luchian (18681916) qui ont fait Ă©cole dans la peinture roumaine.

La peinture moderne

La peinture moderne a Ă©tĂ© introduite par ThĂ©odor Pallady (1871-1956) qui a donnĂ© sa prĂ©fĂ©rence aux natures mortes. Au dĂ©but du XXème siècle, plusieurs peintres sont attirĂ©s par les thèmes sociaux: Nicolae Tonitza (1886-1940), Francise Sirato (18771953), Camil Ressu (1880-1962), Octav Bancila (1872-1944). Ce dernier a peint l'un des plus cĂ©lèbres tableaux europĂ©ens, intitulĂ© " 1907 " et inspirĂ© de la grande rĂ©volte des paysans. Le courant impressionniste est surtout reprĂ©sentĂ© par Nicolae Darascu (1883-1959) et Lucian Grigorescu (1894-1965).

La peinture contemporaine

Durant l'Ă©poque communiste, la peinture roumaine ne pouvait s'exprimer que dans une perspective historique et sociale. Des peintres comme Spiru Chintila, Bradut Covaliu et beaucoup d'autres, illustrent avec un rĂ©alisme poussĂ© Ă  l'extrÄ™me, les rĂ©alisations du nouveau rĂ©gime, tandis que d'autres trouvent inspiration dans les Ă©vĂ©nements historiques (C. Piliuta) ou dans l'art populaire (O. Visan, V. Marginean). Ion Musceleanu (nĂ© en 1903) et Corneliu Baba (1906-1997) comptent parmi les grands artistes du XXème siècle. La peinture abstraite est reprĂ©sentĂ©e par Ion Bitan (nĂ© en 1924), Ion Gheorghiu (nĂ© en 1929) et Gabriel Popa (1937-1995). Les peintres confirmĂ©s se distinguent depuis de nombreuses annĂ©es sont Vasile Grigore (nĂ© en1935), Horia Bernea (nĂ© en 1938), Radu Daranga (nĂ© en 1944) Mircea Bochis (nĂ© en 1950).

La sculpture

Ce n’est qu'au XIXème siècle que la sculpture Roumaine s'est dĂ©veloppĂ©e comme art Ă  part entière; auparavant elle Ă©tait considĂ©rĂ©e comme un art dĂ©coratif appliquĂ© Ă  l'architecture. Karl Storck (1826-1887), le premier sculpteur roumain moderne, crĂ©e dans le style nĂ©oclassique, un sĂ©rie de bustes d’hommes cĂ©lèbres. Plusieurs de ses Ă©lèves ont poursuivi ce style nĂ©oclassique. Deux grands sculpteurs, diffĂ©rents par le style, ont marquĂ© l'art roumain des prĂ©mières dĂ©cennies de ce siècle : Dimitrie Paciurea (1873-1932) et Constantin Brancusi (1876-1957). Pour ce dernier, la cĂ©lĂ©britĂ© a dĂ©passĂ© les frontières. D. Paciurea s'inscrit dans le courant baroque-romantique ) expressionniste, alors que C. Brancusi se libĂ©rant rapidement de l'influence de Rodin, impose un style très moderne, inspirĂ© de l'art populaire Roumain. L'ensemble artistique de Târgu-Jiu, la ville natale de l'artiste, rĂ©unit quelques-unes de ses Ĺ›uvres. Grand sculpteur de l'entre deux-guerres, auteur de nombreuses Ĺ›uvres monumentales, Ion Jalea rĂ©alise, plusieurs monuments publics Ă  Bucarest : le Monument des soldats français tombĂ©s en Roumanie, se trouvant dans le parc Cismigiu, la statue de Spiru Haret place de l'universitĂ©, et dans la mÄ™me tradition, Oscar Han (1891-1976) et Cornel Medrea (1888-964) ont donnĂ© des portraits expressifs d'hommes cĂ©lèbres. La sculpture roumaine de l'après guerre est d'une expression artistique plus limitĂ©e, gĂ©nĂ©ralement figurative, Ă  l’exception de l'Ĺ›uvre originale de Gheza Vida (1913-1980). L'ensemble monumental, rĂ©alisĂ© Ă  Moisei dans son Maramures natal, s'inspire de la crĂ©ation populaire. A une Ă©poque rĂ©cente, deux artistes se sont fait remarquer Ă  l'Ă©tranger par leur talent dans les constructions monumentales : Gh. Apostu (1934-1986) et H. Damian (nĂ© en 1922). Gh, Apostu, le plus authentique successeur de Brancusi a rĂ©alisĂ© Ă  Galati une sculpture haute de 20 m, intitulĂ©e "Le fruit du soleil". Dans un style tout Ă  fait personnel, H. Damian a rĂ©alisĂ© en 1974, la maquette pour l'entrĂ©e monumentale du Théâtre-MusĂ©e de Salvador Dali Ă  Figueras (Espagne) et, en 1976, la "Colonne" (haute de 7,5 m) de Saint-Denis (France), Les grands maĂ®tres d’aujourd'hui sont Ion Irimescu (nĂ© en 1903), spĂ©cialiste des portraits, et Constantin Popovici. Parmi les jeunes sculpteurs confirmĂ©s, on peut mentionner Aurel Bolea (nĂ© en 1940) et loan Parvan (nĂ© en 1950) ; ce dernier a rĂ©cemment exposĂ© Ă  Barbizon ses statuettes en bronze (personnages Ă©voquant des images d'icĂ´nes).

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Mardi 19 Mars 2024

 

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